Pour un français, l’Angleterre est un pays qui lui semble déjà décalé : on roule à gauche, les policiers ne sont pas armés, le poulet est à la menthe et la musique y est pop. Et bien prenez ce pays décalé et décalez le encore : vous obtenez l’univers loufoque du piège machiavélique imaginé par Veys. Les bus Imperiales sont plus simples mais triple étage, les taxis sont aveugles, Olrik est premier ministre de Grande Bretagne, et plus grave, Marks et Spencer n’existe plus et c’est une chaîne appelée Spencer e Marks qui a pris sa place. Anguishing isn’t it ?
La ligne claire, déformée et animée, au servie du détournement et de l’humour de Nicols Barral ajoute un côté sale gosse, fier de son crime de lèse majesté à envers cette série dont on parcourt le présent tome avec plaisir.
Lafigue

L’histoire semble enfantine mais regorge en fait de tristesse et d’humour un brin désabusé. La façon dont Jason dessine les yeux de ses personnage c’est à dire un cercle blanc, sans pupille, renforce le côté angoissant de cette fable de pirates. Ajouter à cela une situation absurde – une école de bourreau sur une île – et vous aurez une idée du ton doux-amer de ce one-shot. La cruauté légendaire des pirates vous fera également vite oublier que vous tenez un illustré entre les mains.
Voici faite la démonstration qu’une longue série n’est pas irrémédiablement condamnée à s’auto-détruire. Bien souvent, quelque soit le prestige de la série ou le talent de ses auteurs, la plupart voit leur qualité décliner et ne doivent leur continuation que grâce à la dévotion de leurs fans. Rien de plus triste que de voir une série qu’on a aimée sombrer dans l’auto-célébration, pire l’auto-dérision synonyme du plus cruel manque d’inspiration.
Après s’être attaqué au marketing, à l’exploitation des stagiaires, à la cuistrerie des commerciaux et la cruauté de la direction, James aborde de nouveaux thèmes ou situations classiques de l’entreprise.