Un cow-boy dans le coton

Un cow boy dans le cotonSi vous êtes dans le coton, vous êtes arrivé. Mais le dernier des Lucky Lukes pas encore. Il va falloir attendre octobre 2020. En pleine période de protestation aux Etats-Unis suite à la mort de George Floyd, l’éditeur Dargaud révèle sa parution 4 mois à l’avance, ceci sans doute pour éviter toute accusation d’opportunisme, qui sans cette annonce,  ne manquerait pas d’éclore.
Héritant d’une plantation en Louisiane, Lucky Luke va devoir affronter l’hostilité des planteurs blancs aux alentours après qu’il ait eu redistribué aux fermiers noirs environnants son héritage. Épaulé par Bass Reeves – premier shérif noir recensé du Far West – aidé aussi par les cajuns du bayou ainsi que par les Dalton, le cow boy plus solitaire mais solidaire va devoir affronter les membres du Ku Klux Klan.
Jul, déjà signataire des 2 précédents albums est à la tâche. Adepte du « une case-un jeu de mot », il s’attaque à tout un pan de l’histoire de l’Ouest américain jamais traité jusqu’ici par la série.
A savoir qu’à la nouvelle de cet bd qui nous vient, on brûla, on frétilla, même on tortilla pour les Daltons, à se demander comment les 4 desperados vont rejoindre la juste cause…

Lafigue

Sky Hawk

Si en 2002, lors de la parution de l’album en librairie et en plein passage à l’Euro, vous n’aviez pas pu repartir avec, parce que le marchand vous avait refusé vos derniers francs…

Taniguchi avait depuis longtemps envie d’écrire un manga sur le thème du western, mais aucun éditeur ne voulait publier ce genre. Il a alors eu l’idée de créer un héros japonais, et s’est inspiré pour cela des Japonais qui ont émigré aux Etats Unis à l’époque de la ruée vers l’Ouest.

Les deux personnages principaux, des samourais qui ont fui leur pays après la défaite de leur Daimyo, vont peu à peu se faire accepter par les Sioux Oglalas, devenir Sky Hawk (Faucon céleste) et Winds Wolf (Loup des vents), partager la vie de ces guerriers, épouser leur cause et les aider dans leur lutte contre les Blancs.

Ce récit très émouvant a pour point d’orgue la bataille de Little Big Horn qui a opposé George Armstrong Custer à Sitting Bull et Crazy Horse.

Zébulonnette

Lorenzaccio

On imagine souvent le mouvement romantique comme le paroxysme de la sensiblerie autour duquel pullule une armada de chochottes fondant en larmes à la moindre vue d’une aile de papillon. En dehors de toute considération de style où je ne m’aventurerai pas, c’est peut être la violence extrême des sentiments qui caractérise le mieux ce courant littéraire.
L’adaptation de l’œuvre de Musset illustre ce déferlement des conflits intérieurs et capte l’antagonisme incessant entre la volonté d’atteindre les plus beaux idéaux et le tangible d’un insidieux renoncement. Lorenzaccio, jeune, beau, patricien, élevé dans l’idéal républicain, se met cependant au service du tyran sans qu’on comprenne véritablement ses raisons. Il se moque du manque de courage des habitants de Florence, il raille les partisans de la république autant qu’il se rit avec perversité de la pudeur de jeunes femmes nubiles qu’il livre sans vergogne à son maître. Son teint livide rappelle celui du clown blanc qui se permettrait toutes les extravagances. Son impertinence est celle du bouffon du roi, ses yeux gorgées d’alcool et son regard triste viennent à renforcer l’ambiance lourde et malsaine qui suit son passage. Peut être s’est il lié au despote car seul ce dernier est capable de mettre à nu la Vérité, d’une part par sa débauche qui exonère le souverain de toute convention sociale, d’autre part par la peur qu’il distille et la répression qui révèle les hommes à eux même en éprouvant leur courage. Cette recherche de l’idéal de la Vérité passe donc par la mise au service du Mal de Lorenzaccio.
L’histoire se déroule dans la Florence du XVIeme siècle mais Regis Penet parsème ses planches de détails rappelant le XIXeme siècle, permettant au thème ainsi exposé du pouvoir corrupteur de cheminer facilement jusqu’à nous. Le ton est souvent glaçant, voire sinistre, sans que le style poétique de Musset, dont la présente adaptation cite quelques vers, ne rende l’ensemble ampoulé. Les fans de bande dessinée se rappelleront de l’ambiance décadente de fin de règne qui emplit l’album de Thorgal « La chute de Brek Zarith ». Ils retrouveront un peu le dessin de Philippe Delaby et les couleurs de Jérémy Petiqueux dans la série Murena. Le graphisme dans son ensemble est de très grande qualité et s’accorde très bien à l’œuvre originale.

Lafigue

Concurrence déloyale – Le tueur

Difficile de se renouveler quand on a déjà disserté trois à quatre fois sur la série du tueur. Et pourtant à chaque album, l’œil découvre une nouveauté qui le régale graphiquement. On pourra pour ce volume citer la planche où le tueur marche dans la désert : les perspectives et la façon de colorier le désert réjouissent. Le trait de Jacomon tantôt fin, tantôt épais, parfois en pointillé constitue un des points d’observation de son style désormais bien installé dans le paysage de la bande dessinée.

Cet album plus bavard qu’à l’accoutumée ne contient étrangement qu’une seule scène d’action. Il est également l’occasion d’une certaine forme de notabilisation du Tueur qui va désormais avoir un peu de mal à nous dérouler, au fil de l’histoire, ses considérations anarcho-cyniques sur le monde et les hommes. Attendons de découvrir la suite pour voir quelle sera la justification idéologique de ce tournant.

Lafigue