Crémer et l’enquête intérieure – Une enquête du Commissaire Crémer

Difficile d’accrocher la jeunesse hippie quand on lui parle de Roger Pierre et de Jean Marc Thibault. Et pourtant le commissaire Crémèr parvient à captiver son auditoire quand il leur narre les concerts survoltés de Gilbert Bécaut. C’est un choc culturel et inter-générationnel que nous proposent Vandermeulen et Casanave dans un album qui porte à merveille son nom. Ayant gouté malgré lui à des substances psychotropes, le commissaire Crémer s’embarque dans une quête spirituelle qui parviendra à le sortir de son côté service service, à le faire se balader nu sur une piste de cirque et à se faire embarquer par ses collègues. Mon dieu Jean Richard reviens ! Ils sont devenus fous.

La figue

BD d’hauteur

S’il est une expression à bannir et que je me jure de ne jamais employer ici c’est bien le terme de « BD d’auteur ». Ce terme est à récuser parce que rarement employé à bon escient.

En effet on va habituellement désigner par BD d’auteur une œuvre personnelle, à vocation autobiographique ou traitant d’un sujet sérieux. Plus généralement on désignera par BD d’auteur la BD destinée aux adultes où on ne verra jamais un petit Mickey glisser sur une peau de banane et finir au fond d’un égout. La BD fantasmagorique aussi se classe dans le genre. C’est la seule BD tolérée dans certaines librairies : on y retrouvera Satrapi, Sfar ou Davodeau par exemple. Je n’ai personnellement rien contre ces auteurs. Au contraire, je suis plutôt fan de ce qu’ils font. Mais le terme BD d’auteur est là pour qualifier une bande dessinée qui serait intellectuellement plus élevée c’est à dire acceptable pour ceux qui n’ont que la littérature comme horizon.

Si cela peut décomplexer quelques personnes de lire des illustrés pourquoi pas. Mais le terme est impropre. Qu’on distingue le cinéma de studio du cinéma d’auteur se conçoit. Les studios engagent plusieurs scénaristes pour bâtir une histoire et il est donc difficile de qualifier de cinéma d’auteur les productions qui en sortent. La BD franco belge contrairement au Manga, se fait très peu en studio. Chaque album est réalisé par un seul voire deux auteurs maximum. La quasi-majorité de ce qui est produit en Europe est donc de la BD d’auteur qu’elle traite de blague ou de sujets plus graves ou personnels. Il serait plus juste de parler de BD autobiographique, de BD reportage, de contes illustrés ou toute autre catégorie qu’on voudra bien inventer. Le terme d’auteur n’est d’aucune précision et n’apporte rien au lecteur.

Vous voilà donc armés pour pouvoir affirmer et démontrer que Boule et Bill c’est de la BD d’auteur.

Lafigue

Casiers judiciaires 2

Nouveau défilé de prévenus aux physiques plus ingrats les uns que les autres. Lefred-Thouron semble prendre un malin plaisir, à enlaidir le plus possible tous ces mis en examen. Tout est bon : énorme nez, poils, furoncles, boutons. Il ne manque jamais d’ajouter à ces physique disgracieux un pois chiche dans la tête ou en tout cas une bonne dose de bêtise à la mauvaise foi évidente des inculpés.

Le duo a décidé de mettre quelques personnages récurrents dans ce tome : un chroniqueur judiciaire débutant et empoté, un violenteur conjugal incorrigible, une femme en instance de divorce. Les silences pendant les échanges contradictoires sont régulièrement meublés avec de savoureuses onomatopées. Cependant on rit un peu moins que lors du premier volume, et on a même l’impression d’un certain manque d’inspiration sur certaines chutes. On continue malgré tout à apprécier tous les contrastes entre les hommes et femmes de lois et les hurluberlus usagers de la machine judiciaire.

La Figue