Le prince charmant – Miss pas touche

Avec Miss Pas Touche, on navigue toujours entre le fantasme du raffinement des maisons closes d’antan et la peur d’une tragédie qui semble toujours imminente.

Le dessin de Kerascouet dans la ligne de poisson pilote entre en raisonnance avec la ligne graphique et les histoires mythiques ou fantasmagoriques que l’on trouve dans cette collection et chez certains pères de l’Association comme Sfar ou Blain. Du coup cette histoire réaliste, comme pouvaient être qualifiées de réalistes les chansons tragiques de Berthe Silva, semble être également rêvée.

Comme cela est le cas des histoires d’amours sans nuages, l’idyle de Blanche et d’Antoine peut paraître ennuyeuse mais on est toujours au bord du précipice et du drame sanglant ce qui maintient paradoxalement une forme de tension tout particulièrement dans ces parenthèses heureuses. En effet les meurtres commis dans les épisodes précédents nous rapellent que derrière ces soies et frous frous de toutes sortes se dissimulent souvent de terribles secrets. Cette monstruosité ensomeillée explose dans de splendides planches qu’on trouvera à la fin de la première partie de cette histoire

Lafigue

Opération ironclad – Commando colonial

Il est des styles graphiques qui s’ils ne sont pas de l’ordre du dessin réaliste se mettent parfaitement au service du récit historique. Point besoin de faire du dessin réaliste, comme c’est trop souvent le cas quand la BD traite d’histoire, pour atteindre une forme de véracité historique.

Si le scénario est une fiction, le contexte n’est pas fictif. Bruno et Appollo parviennent à nous faire appréhender la situation historique et la façon dont celle-ci détermine l’évolution narrative. La société coloniale est décrite de manière à ne laisser aucun doute sur cette dernière : avide, pleutre et oisive. Appolo et Bruno nous donnent un petit cours d’histoire tout en nous livrant une histoire haletante servie par un dessin clair, original et dont l’impression de retrait et de neutralité mène à penser qu’il est capable de se fondre dans n’importe quelle genre de récit.

Lafigue

La brousse ou la vie – Les tribulation du Choucas

A mi-chemin entre le Poulpe et le travailleur social, le Choucas fait partie de ces détectives dont les enquêtes les plongent systématiquemet au coeur de l’actualité politique.

Racisme des forces de police, exploitation des filières d’immigration par des passeurs sans crupules, cette tribulation nous confronte à la question de l’intégration et celles des origines. Le pays des ancêtres est souvent bien loin de celui que l’imaginaire d’un gosse de Paris peut façonner.

Le Choucas enquête a son allure, celle d’un quinquagénaire que les années n’ont pourtant pas rendu insensible à la misère ou aux injustices. L’action vient à qui sait lancer quelques lignes tout en savourant quelques bières. Quelques dialogues dans le plus pur style argotique finissent de lier le lecteur au Choucas et à son humanisme bonhomme.

La Figue

Mélodie d’El Raval – Jazz Maynard

Tons sombres, ligne claire et épurée, stylisation des visages, scènes d’actions au dynamisme et à la violence proche de l’univers manga, le dessin de Roger s’impose comme une des innovations du moment. Un scénario qui fait la part belle à l’action sans pour autant négliger la composition des personnages.

L’histoire gagnerait néanmoins en profondeur si elle accentuait la noirceur des personnages et si elle poussait le roman noir dans ses extrémités. On aurait aimé entendre la voix-off du héros et il est dommage que l’histoire ne fasse pas une plus belle part à Barcelone dont on ne sait finalement plus très bien pourquoi elle a été choisie comme cadre de l’action.

Lafigue

Si vous avez raté le tome 1, en voici la bande annonce…