Il est des styles graphiques qui s’ils ne sont pas de l’ordre du dessin réaliste se mettent parfaitement au service du récit historique. Point besoin de faire du dessin réaliste, comme c’est trop souvent le cas quand la BD traite d’histoire, pour atteindre une forme de véracité historique.
Si le scénario est une fiction, le contexte n’est pas fictif. Bruno et Appollo parviennent à nous faire appréhender la situation historique et la façon dont celle-ci détermine l’évolution narrative. La société coloniale est décrite de manière à ne laisser aucun doute sur cette dernière : avide, pleutre et oisive. Appolo et Bruno nous donnent un petit cours d’histoire tout en nous livrant une histoire haletante servie par un dessin clair, original et dont l’impression de retrait et de neutralité mène à penser qu’il est capable de se fondre dans n’importe quelle genre de récit.
Lafigue

Deuxième volume des aventures de Hector Kanon parues dans Fluide Glacial et ici compilées. On ne peut que adorer sa bêtise, son absence totale de sens des responsabilité, sa façon de céder à la mode et ses angoisses qu’il transfigure dans ses rêves plus loufoques les uns que les autres. Deux perles dans cet album : la transformation d’un kebab en temple de la branchitude et l’obsession du héros pour les chaussures à bouts pointus, fin du fin de l’élégance selon lui. Sans oublier le génie sous les traits de Klaus Nomie qui accueille Hector au royaume des ombres suite à une soirée où il a encore trop déconné : on aurait pu voir cette trouvaille dans South Park.
A mi-chemin entre le Poulpe et le travailleur social, le Choucas fait partie de ces détectives dont les enquêtes les plongent systématiquemet au coeur de l’actualité politique.
J’avais personnellement décidé de prendre la défense de cette catégorie de la population détestée par tout le monde. Après tout les bobos sont attachés à la culture, ils fuient le clinquant, ne cherchent pas les beaux quartiers et s’investissent parfois dans le monde associatif, voire dans la vie de leur quartier. Et puis il y avait un certain relent populiste et malsain derrière cette critique. Et bien souvent, voir le dernier des branchés vouer au pilori la « classe » des bobos popularisée par Libération avait le don de m’énerver. La chanson de Renaud avait fini de me vacciner contre cette bobophobie ambiante. C’était avant la lecture de Dupuy et Berberian.