Business circus – Dans mon open space

Bienvenue dans le monde l’Open Space, ce nouveau monde horizontal où les performances désormais individualisées se mesurent souvent à la manière dont chacun tente de se valoriser. Tout est bon : esbroufe, survalorisation de sa fonction, fausse rumeur, flagornerie auprès des chefs.

Nous sommes prévenus dès la page de garde en voyant un employé nager au milieu d’un banc de requins. Le traitement humoristique de la de bureau ne dissimule pas la dureté du trait donné par les auteurs à cet univers impitoyable. Cependant les tons pasels et le dessin caricatural utilisant des têtes d’animaux pour les personnages viennent adoucir les tacles appuyés que se font ces joyeux cols blancs

James emploie également de temps à autre un procédé affectionné par les dessinateurs publiés chez Poisson Pilote. Celui ci consiste à déguiser le personnage avec un costume qui exprime ses sentiments du moment. Il accoutre par exemple le stagiaire d’un costume de chasseur avec casque colonial quand celui-ci pénètre dans les locaux du marketing peuplés d’inombrables beautés féminies. Il l’habille d’une peau de bête quand il va assister à une réunion de commerciaux bas de front.

L’auteur évite l’éccueil de l’anecdote. L’entreprise n’est pas le cadre de petites saynètes mais bien le propos de cet album dont chaque gag d’une planche illustre un des mécanisme de l’entreprise. Un bien agréable manuel d’initiation à la vie en entreprise.

Lafigue

Mélodie d’El Raval – Jazz Maynard

Tons sombres, ligne claire et épurée, stylisation des visages, scènes d’actions au dynamisme et à la violence proche de l’univers manga, le dessin de Roger s’impose comme une des innovations du moment. Un scénario qui fait la part belle à l’action sans pour autant négliger la composition des personnages.

L’histoire gagnerait néanmoins en profondeur si elle accentuait la noirceur des personnages et si elle poussait le roman noir dans ses extrémités. On aurait aimé entendre la voix-off du héros et il est dommage que l’histoire ne fasse pas une plus belle part à Barcelone dont on ne sait finalement plus très bien pourquoi elle a été choisie comme cadre de l’action.

Lafigue

Si vous avez raté le tome 1, en voici la bande annonce…

Casiers judiciaires

Une des meilleures poilades de cette année que cet assemblage de cases remplies de prévenus chez qui la case fait souvent défaut. Le contraste, entre la langue soutenue et jargonesque des procureurs, juges et avocats et la langue d’un registre plus courant des mis en examen, provoque déjà un sourire avant que celui-ci ne dégénère en franche rigolade à la plupart des chutes.

Contredisant la lenteur légendaire de la justice, infractions, petits délits, délits moyens et crimes ordinaires (pas d’homicide pour l’instant) sont instruits chacun en six case. N’oublions pas les outrages à la cour que ne manque que très rarement de commettre, volontairement ou pas, la faune qui se présente dans les salles de ces tribunaux. La bêtise des inculpés est sans cesse renouvelée et on ne côtoie jamais d’innocents ou de victimes d’erreur judiciaires à la barre. Et c’est souvent assez dubitatifs ou interloqués que le personnel judiciaire s’adonne à sa tâche.

On ne se lasse pas de cette succession de dessins de gros nez subtilement rehaussés tantôt d’un poireau tantôt d’un furoncle. On apprécie en fin connaisseur ces culs de bouteilles sans yeux et tous ces physiques ingrats qui comparaissent.

La sentence est sans appel : il nous faudra nous morfondre un an avant la parution du prochain album.

Lafigue

Casemate – numero 3

Un peu cher ce nouveau magazine mais c’est le placement malin à faire pour un bon fondu de BD. Pour une centaine de pages on trouvera des interviews des plus grandes sommités de la BD, des analyses de planches, des dossiers et des zooms sur une actualité BD toujours foisonnante. Avec Casemate le journalisme de bande dessinée est au rendez-vous et les auteurs de BD participent à ce magazine en jouant réellement le jeu proposé par l’équipe de rédaction. Les interviews sont construites, les questions pertinentes amènent réponses, explications et larges développements donnés par les divers auteurs concernant leurs projets et le propos de leurs oeuvres.

D’un format déroutant au départ, la maquette est aérée, sobre et efficace. Textes et images sont lisibles et mis en valeur. Seul bémol : le courrier des lecteurs trucide la mise page de la rubrique « en bref » qui mériterait peut être en effet une autre fonte, celle-ci se mariant plutôt mal avec la fonte principale employée. Une autre couleur de fond de la même rubrique est également sollicitée par les lecteurs.

Casemate explore aussi l’univers du dessin animé à chaque numéro tout en le reliant à la BD. Le ton de la revue est agréable et ne suinte jamais la prétention. A titre d’exemple une conclusion de la biographie de Trondheim dans le dernier numéro s’avère être drôle et imprévisible.

Par contre là, je vais faire mon ronchon sur une des initiatives du magasine. Faire un concours pour promouvoir les jeunes auteurs ! très bien. Mais pourquoi le limiter aux moins de 25 ans non d’une pipe en bois !!. Est ce que le fait d’avoir plus de 25 ans donnerait un avantage décisif au concours ? Que Casemate fasse acte de contrition en faisant un concours pour les jeunes croulants comme moi et je n’en parlerai jamais plus. Promis.

Lafigue