Envers et contre tout – Jazzz Maynard

L’histoire prend une tournure ultra-sanglante dans ce dernier tome. Le graphisme de Roger trouve ici sa pleine expression. L’influence manga, qu’on décelait déjà dans les tomes précédent au travers des scènes dynamiques, est flagrante dans cet épisode. Les vilains ont des têtes incroyables et on a l’impression sut certaines planches d’être plongé dans un épisode de Ken le survivant.

La violence et la cadence de l’histoire sont en adéquation avec le style graphique. Les quelques observations critiques faites pour le tome 2 n’ont ici plus lieu d’être. Le sordide de l’histoire et la cruauté des personnages sont appuyés de manière à faire de l’histoire un vrai roman noir. Les méchants sont vraiment détestables et le lecteur n’a aucune pitié quand ceux-ci sont dépecés par des gentils qui eux-même ne sont jamais tout à fait innocents. Un peu plus d’introspection pour les personnages donnera dans les tomes à venir plus d’épaisseur à une série qui démarre plutôt bie

Pauline… – Le Grand Mort

Si vous débarquez dans la série
Suite de la série qui avait vue Erwan partir en mission, accompagné malgré lui par Pauline dans un de ces univers fantastiques dont Loisel a le secret. Dans cet épisode, Erwan revient dans notre monde et part sur Paris à la recherche de Pauline. Il évolue dans un futur proche, pas vraiment fantastique où la situation sociale a empirée.

Loisel nous a plus habitué à voyager dans des mondes fantastiques que dans des univers proche de notre réalité. Avec Le Grand Mort, nous avons droit au « deux en un ».

D’un côté un monde parallèle propice à mener une quête, de l’autre un futur proche et gris. Dans la plus grande partie de ce tome, le héros se promène dans un Paris crasseux, pollué, où la pauvreté a explosé avec son cortège de violence et, les bons jours, de mouvements sociaux. Ce léger glissement vers le pire est bien plus effrayant que bon nombre d’anticipations futuristes un brin trop abstraites. Et ce n’est pas un des moindres mérites de cet album qui sans aucun prêchi-prêcha, et sans se fixer pareil but, parvient à nous alerter sur une dégradation dont nous sommes coutumiers sans forcément en évaluer les conséquences à moyen terme.

Ainsi donc, le deuxième tome de la série se développe à un rythme tranquille, sans précipitation et sans s’étirer exagérément. La douceur des traits données aux visages des personnages parvient à atténuer l’univers gris ambiant des décors, tandis que énigmes et suspense sont tempérés par l’extrême civilité matinée d’une touche de flegme du personnage principal.

Lafigue

Les révolutions – Le retour à la terre

Bougre de saperlipopette à la graisse de Karacho. Encore un album de Manu Larcenet qui ne me laisse pas d’autre choix que d’encenser son auteur, ses talents de conteur et son dessin. Les gens vont finir par croire que Larcenet paye l’hébergement de ce site.

C’est que manier l’humour et la tendresse et faire de chaque « Retour à la Terre » un recueil de gags poétiques et joyeux n’est pas à la portée de tout le monde. De plus, au bout du cinquième tome de cette série, les personnages nous sont devenus plus que familiers : Manu, Mariette, Madame Mortemont, Monsieur Henri, l’Ermite, Coquelot le maire des Ravenelles usant de discutables méthodes de campagne éléctorale, ou bien encore Ferri, scénariste de la série, qui fait un passage très remarqué dans cet album.

Manu, toujours aussi peu sûr de lui même, assure quand même cahin caha ses obligations paternelles tout en assurant son travail de talentueux dessinateur de BD. Le processus créatif est cependant assez déconcertant chez lui : on se demande comment peuvent fuser les idées après trois heures consécutives devant « la Nouvelle Star ». Ferri a sa méthode pour que la muse inspiratrice vienne le taquiner : il se fait enfermer dans la cave de la maison.

Je sais donc ce qu’il me reste à faire. Je cumule les deux méthodes en les poussant à leur maximum : je m’enfile toutes les saisons de la Star Academy enfermé dans un placard et sûr que demain je ponds « Objectif lune » ou « Les Idées Noires ».

La figue

Au fond ce sont les auteurs qui en parlent le mieux…

L’ombre de l’Ange – Le Scorpion

La haine de Trebaldi pour le Scorpion s’exacerbe d’avantage dans cet épisode. Cependant tout l’aspect inquiétant des grandes familles, à l’origine de cette mystification qu’est la papauté et la chrétienté, a disparu. La cruauté des moines soldats semble s’émousser sans doute en raison des nombreuses escarmouches dont ils sortent souvent perdants face au hussard et au Scorpion.

Cet épisode perd de son ésotérisme – même s’il n’y a jamais de magie dans le Scorpion – pour gagner en complexité dans un entrelacement de plusieurs intrigues dont le Scorpion se trouve être le nœud central.

L’ensemble de l’intrigue est magnifiquement illustrée par le dessin de Marini dont on soulignera le coloris impeccable capable d’installer des climats chauds en intérieur ou des nuits bleutées et féeriques. Il parvient à trouver des couleurs incroyablement justes comme celles utilisées lorsque des moines soldats veulent rançonner le Scorpion : l’ambiance y est électrique et pourtant l’action a lieu entièrement de nuit. Pour illustrer la ville éternelle, il fallait quelqu’un qui sache parfaitement utiliser la lumière et y distiller des ombres nécessaires à la dissimulations de ses conspirateurs.

Lafigue