Un scooter dans la mâchoire – Hector Kanon

Deuxième volume des aventures de Hector Kanon parues dans Fluide Glacial et ici compilées. On ne peut que adorer sa bêtise, son absence totale de sens des responsabilité, sa façon de céder à la mode et ses angoisses qu’il transfigure dans ses rêves plus loufoques les uns que les autres. Deux perles dans cet album : la transformation d’un kebab en temple de la branchitude et l’obsession du héros pour les chaussures à bouts pointus, fin du fin de l’élégance selon lui. Sans oublier le génie sous les traits de Klaus Nomie qui accueille Hector au royaume des ombres suite à une soirée où il a encore trop déconné : on aurait pu voir cette trouvaille dans South Park.

Excellent et délassant !

La Figue

La brousse ou la vie – Les tribulation du Choucas

A mi-chemin entre le Poulpe et le travailleur social, le Choucas fait partie de ces détectives dont les enquêtes les plongent systématiquemet au coeur de l’actualité politique.

Racisme des forces de police, exploitation des filières d’immigration par des passeurs sans crupules, cette tribulation nous confronte à la question de l’intégration et celles des origines. Le pays des ancêtres est souvent bien loin de celui que l’imaginaire d’un gosse de Paris peut façonner.

Le Choucas enquête a son allure, celle d’un quinquagénaire que les années n’ont pourtant pas rendu insensible à la misère ou aux injustices. L’action vient à qui sait lancer quelques lignes tout en savourant quelques bières. Quelques dialogues dans le plus pur style argotique finissent de lier le lecteur au Choucas et à son humanisme bonhomme.

La Figue

Bienvenue à BoBoLand

J’avais personnellement décidé de prendre la défense de cette catégorie de la population détestée par tout le monde. Après tout les bobos sont attachés à la culture, ils fuient le clinquant, ne cherchent pas les beaux quartiers et s’investissent parfois dans le monde associatif, voire dans la vie de leur quartier. Et puis il y avait un certain relent populiste et malsain derrière cette critique. Et bien souvent, voir le dernier des branchés vouer au pilori la « classe » des bobos popularisée par Libération avait le don de m’énerver. La chanson de Renaud avait fini de me vacciner contre cette bobophobie ambiante. C’était avant la lecture de Dupuy et Berberian.

C’est vrai que leurs travers ne compensent pas toujours leurs qualités. Snobisme, libéralisme, individualisme, hédonisme, négligé vestimentaire impeccablement étudié, sans parler de leur bunkerisation au seins d’îlots de copropriétés provoquant la gentrification des quartiers populaires. N’oublions pas l’impératif blasé : « soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien » comme le chantait Noir Désir il y a quelques années. Dupuy et Berberian ne cessent de dessiner des yeux mi-clos, des regards distants, ce genre de regard qui voit à travers vous comme si vous n’étiez pas là.

Les auteurs ont une connaissance fine du milieu et c’est au rayon sociologie qu’il faudra penser à ranger cet album.

Lafigue

Business circus – Dans mon open space

Bienvenue dans le monde l’Open Space, ce nouveau monde horizontal où les performances désormais individualisées se mesurent souvent à la manière dont chacun tente de se valoriser. Tout est bon : esbroufe, survalorisation de sa fonction, fausse rumeur, flagornerie auprès des chefs.

Nous sommes prévenus dès la page de garde en voyant un employé nager au milieu d’un banc de requins. Le traitement humoristique de la de bureau ne dissimule pas la dureté du trait donné par les auteurs à cet univers impitoyable. Cependant les tons pasels et le dessin caricatural utilisant des têtes d’animaux pour les personnages viennent adoucir les tacles appuyés que se font ces joyeux cols blancs

James emploie également de temps à autre un procédé affectionné par les dessinateurs publiés chez Poisson Pilote. Celui ci consiste à déguiser le personnage avec un costume qui exprime ses sentiments du moment. Il accoutre par exemple le stagiaire d’un costume de chasseur avec casque colonial quand celui-ci pénètre dans les locaux du marketing peuplés d’inombrables beautés féminies. Il l’habille d’une peau de bête quand il va assister à une réunion de commerciaux bas de front.

L’auteur évite l’éccueil de l’anecdote. L’entreprise n’est pas le cadre de petites saynètes mais bien le propos de cet album dont chaque gag d’une planche illustre un des mécanisme de l’entreprise. Un bien agréable manuel d’initiation à la vie en entreprise.

Lafigue