Mum is dead – The autobiography of a Mitroll

Difficile de croire l’avertissement donné par Bouzard, sur la première planche de cette Autobiography of a mitroll : son propos n’est pas de faire rire. Et on est à deux doigts de le croire quand il commence à aborder l’agonie de sa mère. On se dit qu’il va nous écrire son Combat Ordinaire à lui.

Pourtant pour qui a déjà lu ses planches dans So Foot, il est facile d’imaginer que Bouzard ne peut pas nous emmener sur les rives du journal intime et se contenter de nous livrer ses tourments personnels. Et c’est ce qu’il ne manque pas de ne pas faire. L’agonie de sa mère tourne vite au gag et à la farce. Il détourne la sempiternelle quête fantastique, parfois bien encombrante dans la bande dessinée aujourd’hui, en une odyssée comique vers la Bretagne, repaire supposé des trolls dont le héros serait un rejeton.

Les trouvailles ne manquent pas pour faire rire le lecteur. Quiproquos, échanges ironiques entre le héros et sa compagne. On appréciera particulièrement la démagogie de son chien fainéant, compagnon du voyage, auprès des bigoudènes pour obtenir des renseignements. Au bout du début de cette histoire loufoque, l’auteur parvient même à nous tenir en haleine.
Vite ! La suite.

Lafigue

Les révolutions – Le retour à la terre

Bougre de saperlipopette à la graisse de Karacho. Encore un album de Manu Larcenet qui ne me laisse pas d’autre choix que d’encenser son auteur, ses talents de conteur et son dessin. Les gens vont finir par croire que Larcenet paye l’hébergement de ce site.

C’est que manier l’humour et la tendresse et faire de chaque « Retour à la Terre » un recueil de gags poétiques et joyeux n’est pas à la portée de tout le monde. De plus, au bout du cinquième tome de cette série, les personnages nous sont devenus plus que familiers : Manu, Mariette, Madame Mortemont, Monsieur Henri, l’Ermite, Coquelot le maire des Ravenelles usant de discutables méthodes de campagne éléctorale, ou bien encore Ferri, scénariste de la série, qui fait un passage très remarqué dans cet album.

Manu, toujours aussi peu sûr de lui même, assure quand même cahin caha ses obligations paternelles tout en assurant son travail de talentueux dessinateur de BD. Le processus créatif est cependant assez déconcertant chez lui : on se demande comment peuvent fuser les idées après trois heures consécutives devant « la Nouvelle Star ». Ferri a sa méthode pour que la muse inspiratrice vienne le taquiner : il se fait enfermer dans la cave de la maison.

Je sais donc ce qu’il me reste à faire. Je cumule les deux méthodes en les poussant à leur maximum : je m’enfile toutes les saisons de la Star Academy enfermé dans un placard et sûr que demain je ponds « Objectif lune » ou « Les Idées Noires ».

La figue

Au fond ce sont les auteurs qui en parlent le mieux…

L’ombre de l’Ange – Le Scorpion

La haine de Trebaldi pour le Scorpion s’exacerbe d’avantage dans cet épisode. Cependant tout l’aspect inquiétant des grandes familles, à l’origine de cette mystification qu’est la papauté et la chrétienté, a disparu. La cruauté des moines soldats semble s’émousser sans doute en raison des nombreuses escarmouches dont ils sortent souvent perdants face au hussard et au Scorpion.

Cet épisode perd de son ésotérisme – même s’il n’y a jamais de magie dans le Scorpion – pour gagner en complexité dans un entrelacement de plusieurs intrigues dont le Scorpion se trouve être le nœud central.

L’ensemble de l’intrigue est magnifiquement illustrée par le dessin de Marini dont on soulignera le coloris impeccable capable d’installer des climats chauds en intérieur ou des nuits bleutées et féeriques. Il parvient à trouver des couleurs incroyablement justes comme celles utilisées lorsque des moines soldats veulent rançonner le Scorpion : l’ambiance y est électrique et pourtant l’action a lieu entièrement de nuit. Pour illustrer la ville éternelle, il fallait quelqu’un qui sache parfaitement utiliser la lumière et y distiller des ombres nécessaires à la dissimulations de ses conspirateurs.

Lafigue

Le bouclier de Thor – Thorgal

Le démarrage d’un nouveau cycle, l’arrivée de Sente, le renouvellement graphique opéré par Rosinski, ont définitivement redonné un nouveau souffle à Thorgal. Pour les puristes les albums qui avaient succédé à la Gardienne des clés étaient de beaucoup moins bonne facture. Les fans sont rarements nuancés et disons que certains albums comme « Géants » ou « Le royaume sous le sable » n’apportaient pas, de part la faiblesse de leurs scénarios, grand chose à cette série depuis longtemps mythique.

On pensait que dans ce nouveau cycle, les ponts allaient être définitivement coupés avec Thorgal, Aaricia et l’ensemble de la famille. Dans « Le Bouclier de Thor », Jolan demeure le personnage principal de l’histoire. Cependant, Sente tisse des fils vers le passé de la saga et réintroduit Thorgal et Aarica dans le scénario.

Les mannequins de chiffons animés par le Mage Manthor et chargés d’assistés chaque participant à la course à l’Elu, ne manquent pas de nous rappeler ceux du Magicien d’Oz même si cet épisode se destine à nous enmener aux porte d’Asgard. La droiture et l’esprit de justice, qui ont été enseignés à Jolan, continuent de le servir et c’est une bien poétique démonstration de piété filiale que nous livre la dernière planche de cet épisode.

Une petite perle pour fétichistes : Rosinski en plein travail.