Antares, Tome 2

   Si vous voulez des grands espaces, des panoramas de rêves, de la flore luxuriante et de la faune exotique, votre premier réflexe sera sans doute de chercher une destination de voyage. Et c’est là que vous commettez votre première erreur.

En effet aucun endroit ne vous apportera plus de dépaysement que les bandes dessinées de Leo, particulièrement avec ses cycles « Aldebaran », « Betelgueuse » et maintenant « Antares ». Leo invente une multitude de créatures sympathiques ou dangereuses qu’il réussit bien mieux que les traits des personnages humains qui gardent un côté très figé accentué par l’économie de traits de mouvements.

Leo nous emmène dans des paysage variés et enchanteurs et on souhaiterait qu’il nous dessine des dizaines de planètes encore. Cependant certains de ces univers, en apparence sans dangers, regorgent de pièges mortels. Il semble que ce soit souvent le cas de cette nouvelle planète imaginée par l’auteur. En effet les êtres vivants de cette planète sont parfois sujets à une horrible désintégration survenant subitement et sans qu’aucune explication scientifique ne puisse être donnée au phénomène pour l’instant. Cette désintégration a été subie par un des premiers explorateurs de la planète ce qui n’a pas pour autant découragé les financiers de l’expédition qui semblent avoir un but messianique derrière cette mission d’exploration. Plusieurs mystères sont donc à élucider dans ce nouveau cycle sans oublier l’énigme principale des trois cycles qui est celle de la Mantrisse. L’auteur en profite pour ne pas ménager les nerfs de ses lecteurs à la fin de cet épisode-ci.

La Figue

La fille sans visage – Une enquête de l’inspecteur Canardo

Aucun lecteur chevronné ne sera étonné de découvrir Canardo dans un bar à trois heure du matin. L’esprit chevaleresque de la fine fleur palmipède de la police privée, pousse notre héros à raccompagner en voiture une prostituée russe. Toujours autant irrésistible ce Canardo. Mais comment ne pas céder au charme fou et à l’œil mouillé, pétri d’humanité distanciée de ce canard détective.

Une évocation du conflit culturel entre wallons et flamands viennent ancrer le récit encore une fois en Belgique avec un détour par le duché du Belgambour, mélange de Belgique et de Luxembourg. On ne retrouve certes pas la noirceur des premiers tomes tels que La marque de Raspoutine ou Noces de Raspoutine, mais l’ironie et la bassesse humaino-animale des personnages demeure. L’ironie de l’inspecteur Canardo et ses bonnes réparties perdurent dans cette intrigue clinico-monarchique et on appreciera quelques répliques que s’adressent certains personnages.

La Figue

Saison one – Colt Bingers

La femme de Colt Bingers a été assassinée. Seule piste, le tueur est borgne et unijambiste. En effet « Les indices sont bien maigres » comme n’aurait pas hésité à le dire l’inspecteur Charolles à l’époque où ses enquêtes en compagnies du commissaire Bougret agrémentaient la Rubrique à Brac.

Colt Bingers démissionne de la police et en fin logicien décide donc de traquer tous les borgnes unijambistes des Etats Unis d’Amérique. Il va laisser derrière lui une piste sanglante que tentent de suivre deux agents du FBI dont la bêtise n’a rien à envier à celle de Spoon et White.

Certains des dessins de personnages de Chouin sont très proches de ceux de Crumb, ce qui sert bien cette histoire déjantée et sanglante se déroulant dans un univers profondément américain. La construction de chaque épisode est toujours la même. Colt bingers trouve un exemplaire de borgne unijambiste qui évidemment ne sera jamais l’assassin qu’il recherche. Et c’est tout le talent de Jousselin de renouveler chaque épisode et de nous donner envie de lire le suivant.

La Figue

La bande annonce de l’album parodiant les bandes annonces des blockbusters américains…

Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps

Charlie Sclingo, c’est le genre de pote infernal, toujours bourré, qui va toujours déclencher une baston au bar parce qu’un mastar n’aura pas apprécié son humour provoquant. Le genre de pote qui ne sait pas s’arrêter, qui va pourrir la soirée, mais terriblement attachant, drôle, au fond sensible et effroyablement intelligent. Et puis surtout, désespéré, gueulant et dégueulant son angoisse à la face du monde malgré son humour bravache.

Je ne connaissais pas l’œuvre de Sclingo, difficile à se procurer, mais heureusement un ami m’a ressorti quelques planches parues dans las années 80. Ça déconne sans arrêt tout en utilisant les codes primaires du genre. Mon dieu, que ce type a du aimer le gag et la bande dessinée.

La Figue