Les chambres – Le recul du fusil

Impossible de ne pas voir que Fernand Torrès, le héros de l’histoire a un sosie de bande dessinée en la personne de Soda. La ressemblance est frappante mais elle s’arrête là. Fernand est encore un jeune homme obsédé par les femmes ou plutôt par une femme, sa voisine, qu’une gouvernante surement peu dupe éconduit régulièrement. Fernand aime trop la vie et ce qu’elle peut apporter pour être dans les combats politiques de son époque. Et pourtant il y plonge jusqu’au cou par amitié, par imprudence et par une espèce de talent à se mettre dans la matière fécale. Ils se décrit lui même comme un jeune con et ce candide perd très vite l’insouciance de ses jeunes années.

Un trait légèrement griffé et des couleurs en aplat redonne une légèreté au destin semé d’embuche d’un héros auquel on et déjà attaché à la fin de ce premier épisode.

La Figue

Page Noire

Deux histoires, deux scénaristes, un dessinateur capable d’adopter deux styles graphiques différents et une coloriste pouvant restituer deux univers bien distincts. Voilà l’ensemble des prouesses réalisées par l’équipe ayant travaillé sur cet album audacieux.

Giroud construit le récit concernant la relation entre la jeune journaliste et l’écrivain : c’est la surface du récit. Denis Lapière s’occupe de la partie narrant la quête d’Afia sur son passé. Charge à Ralph Meyer de trouver deux styles de dessins adaptés à chacuns des deux pans d’une histoire pourtant marquée par son unicité. Trait gros, tons bleus en à plat pour tout ce qui concerne Carson Mc Neal, l’écrivain ; accentuation des ombres, style proche de la photographie et couleurs sanguines en lavis pour la partie dès que l’histoire se centre sur Afia. Et prouesse ultime, le dessinateur confond progressivement ses deux façons de dessiner quand les deux histoires opèrent leur jonction, expérimentation stimulante et trop rare à ce niveau de tirage.

Spéculation et sentiments – Dans mon open space

Après s’être attaqué au marketing, à l’exploitation des stagiaires, à la cuistrerie des commerciaux et la cruauté de la direction, James aborde de nouveaux thèmes ou situations classiques de l’entreprise.

Il traite de la difficulté de poser sa démission quand de possibles meilleurs horizons appellent l’employé qui doit se faire violence pour passer outre les techniques de chantages affectifs. Certains strips sont des allusions directes à l’actualité comme celles évoquant le trader spéculo dépendant, le PDG horrifié par l’arrivée de la grippe annonciatrice de nombreuses absences pour maladie ou encore le patronat récemment converti à l’écologie.

On rit souvent et cela sent le vécut parfois. A se demander si James n’aurait pas une double vie en entreprise en plus de son métier de dessinateur.

Avant Minuit – Belleville story

Pas très sympathique le héros de cet album : Freddy rackette les commerçants du quartier de Belleville, n’hésite pas à frapper un homme devant son fils ou à martyriser une malheureuse clandestine chinoise. Le tout pour donner le change devant des petits caïds et toute une faune de crapules en tout genre.

Seulement Freddy n’est pas aussi assuré qu’il le voudrait et avant de devenir un tueur au sang froid, il va lui falloir supprimer un énigmatique chinois au sourire figé. A t’il des scrupules, Est il débordé par les évènements ou n’est il tout simplement pas encore un peu trop tendre pour exécuter pareil contrat. Peut être encore la trop forte proximité qui s’établit entre les deux personnages rend la tâche difficile. Les situations s’enchainent et les couleurs beiges, bleue-grises, oranges et rouges d’Isabelle Merlet appuient le scénario noir que nous sert Arnaud Malherbe. Quand au trait de Vincent Perriot, marqué de hachures, donnant parfois l’aspect d’esquisse et mettant largement en valeur le mouvement, il achève de donner un aspect nerveux et fébrile à cette histoire dont on attend déjà la suite.

La Figue