Si vous êtes dingos de renversements dialectiques futés et férus de chouettes gros mots écris en lettres capitales…
Ouvrez le tome 2, retrouvez le tome 1, et sans avoir rien lu, réclamez déjà le troisième, les yeux fermés, le verbe haut, avec l’assurance tranquille de celui qui sait, qui a la préscience de la bonne poilade, et qui détecte peaux de bananes et plaques d’égouts, tel un fier précog du rire et de la blague. S’il y a des réclamations, chassez au loin l’importun qui visiblement relève plus du con que du gens.
Cette nouvelle suite de gags en une page fait en effet merveille dans l’humour absurde pour souligner la cruauté d’une société moderne, capitaliste et consumériste. Pourtant pas moralisateurs pour deux francs six sous, ou alors sous le manteau et sans trop appuyer, les deux auteurs nous font un passage en revue des maux actuels. Automatisation du travail, marketing, obsolescence programmée, virtualisation des échanges sociaux, pollution, répression policière, reduction des budgets publics, culte de la jeunesse, misogynie, racisme et crises migratoires sont à la parade. Usant d’un graphisme rappelant l’univers d’un Faux Graphiste ou parfois les cartes postales de Plonk et Replonk, Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud n’hésitent pas à utiliser la même technique que Fabcaro, en répétant parfois une même vignette, permettant ainsi de renforcer le caractère implacable du non sens de certaines situations. Les deux compères exagèrent les situations, les poussent à l’extrême pour faire ressortir tous les travers possibles d’un monde où il faudra bien un jour ne pas prendre les canards sauvages pour des enfants du bon dieu…ou l’inverse.
La Figue