Faut pas prendres les cons pour des gens 02

Faut pas prendre les gens pour des cons

Si vous êtes dingos de renversements dialectiques futés et férus de chouettes gros mots écris en lettres capitales…

Ouvrez le tome 2, retrouvez le tome 1, et sans avoir rien lu, réclamez déjà le troisième, les yeux fermés, le verbe haut, avec l’assurance tranquille de celui qui sait, qui a la préscience de la bonne poilade, et qui détecte peaux de bananes et plaques d’égouts, tel un fier précog du rire et de la blague. S’il y a des réclamations, chassez au loin l’importun qui visiblement relève plus du con que du gens.
Cette nouvelle suite de gags en une page fait en effet merveille dans l’humour absurde pour souligner la cruauté d’une société moderne, capitaliste et consumériste. Pourtant pas moralisateurs pour deux francs six sous, ou alors sous le manteau et sans trop appuyer, les deux auteurs nous font un passage en revue des maux actuels. Automatisation du travail, marketing, obsolescence programmée, virtualisation des échanges sociaux, pollution, répression policière, reduction des budgets publics, culte de la jeunesse, misogynie, racisme et crises migratoires sont à la parade. Usant d’un graphisme rappelant l’univers d’un Faux Graphiste ou parfois les cartes postales de Plonk et Replonk, Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud n’hésitent pas à utiliser la même technique que Fabcaro, en répétant parfois une même vignette, permettant ainsi de renforcer le caractère implacable du non sens de certaines situations. Les deux compères exagèrent les situations, les poussent à l’extrême pour faire ressortir tous les travers possibles d’un monde où il faudra bien un jour ne pas prendre les canards sauvages pour des enfants du bon dieu…ou l’inverse.

La Figue

Medley

medley

Si vous avez loupé le 3-4 donné par le batteur ou le tac-tac-tac de la baguette du chef d’orchestre

…Rendez vous immédiatement à la première page pour apprendre comment fut créée la première musique à coup de matraquages frénétiques sur des ossements à l’aide d’autres ossements de même facture. Découvrez quelle fût la joie du premier auteur compositeur de l’Humanité à l’écoute de cette mélodie primitive. Et partagez l’horrible déception de ce dernier dès que le premier critique musical de cette même Humanité – quoiqu’on en doute – passant par là, chia instantanément sur son oeuvre, au sens propre, par l’édification d’un étron de très belle taille, comme au sens figuré, par le jaillissement de ce même colombin, dont les archéologues n’ont pour l’instant pas retrouvé la trace, laissant encore un petit doute sur l’explication donnée par le neuvième art sur les origines du quatrième art.

Le monde n’en avait pas fini de troller à l’infini sur une activité artistique qui ne devrait après tout pas attirer plus la haine que l’innocente passion pour le maquereaux à la moutarde ou l’attirance pour le hareng pomme à l’huile. Mais voilà, le chemin est pris depuis les origines. Et si le Rock and Roll est souvent à quatre temps, le panorama de l’univers de la musique fait par Raphaël B s’exécute lui aussi en quatre cases. Quelques personnages sont récurrents comme Acier Fulgur, le DJ le plus classe du monde ou Didier, commentateur au bistro de l’actualité des chansons. Cependant la plupart des protagonistes ne font qu’une seule apparition pour ne livrer que le gag de la maturité. Ce diable de Raphaël B jure avoir été ingénieur dans une autre vie avant de se faire connaître avec « Ma vie de zombie », mais il a dut sévir quelque part sur un appareil acoustique ou subir en plusieurs endroits le son de bien des instruments pour livrer cet excellente oeuvre humoristique.

Zefigue

Un cow-boy dans le coton

Un cow boy dans le cotonSi vous êtes dans le coton, vous êtes arrivé. Mais le dernier des Lucky Lukes pas encore. Il va falloir attendre octobre 2020. En pleine période de protestation aux Etats-Unis suite à la mort de George Floyd, l’éditeur Dargaud révèle sa parution 4 mois à l’avance, ceci sans doute pour éviter toute accusation d’opportunisme, qui sans cette annonce,  ne manquerait pas d’éclore.
Héritant d’une plantation en Louisiane, Lucky Luke va devoir affronter l’hostilité des planteurs blancs aux alentours après qu’il ait eu redistribué aux fermiers noirs environnants son héritage. Épaulé par Bass Reeves – premier shérif noir recensé du Far West – aidé aussi par les cajuns du bayou ainsi que par les Dalton, le cow boy plus solitaire mais solidaire va devoir affronter les membres du Ku Klux Klan.
Jul, déjà signataire des 2 précédents albums est à la tâche. Adepte du « une case-un jeu de mot », il s’attaque à tout un pan de l’histoire de l’Ouest américain jamais traité jusqu’ici par la série.
A savoir qu’à la nouvelle de cet bd qui nous vient, on brûla, on frétilla, même on tortilla pour les Daltons, à se demander comment les 4 desperados vont rejoindre la juste cause…

Lafigue

Jolly Jumper ne répond plus – La chronique qui finit plus vite que son ombre

Si en début d’histoire, par hasard vous étiez sur le pont des arts : Jolly Jumper fait un gros boudin. Lucky Luke est complètement désemparé et tente d’amadouer son cheval avec un subtil changement de costume et une nouvelle aventure dans l’Ouest sauvage et dépaysant en la bonne compagnie des Daltons.

Je conseille à n’importe qui de ne pas perdre plus d’un instant avec cette chronique de chien pouilleux de la casse et de plutôt se jeter sans attendre sur cet avion de chasse. L’outlaw qui a fait ce hold up sur Lucky Luke est un impitoyable pistoléro de l’humour. Attention car ce n’est pas un bleu de la librairie ; il n’en est pas à sa première attaque avec ses pistolets à bulles qui font rigoler. Son nom n’est pas Personne mais Bouzard. N’oubliez pas son visage car il est wanted dans plusieurs rayons bédé.
Alors, dans ce bouquin à la couverture au grain agréable au toucher, Joe Dalton dit à un moment donné :   « Ah parce que vous en connaissez beaucoup, vous, des types qui bouffent des savonnettes comme des cookies !? » . Pas moins que ça ! Et à un autre moment, Joe qui n’en peux plus, lance à la cantonade : « Je vais lui tricoter un pull en laine » .  Voilà c’est écrit, le panorama est exhaustif et qu’on ne revienne plus jamais là dessus, à moins d’avoir envie d’entendre une symphonie de Gatling modèle 1862 à manivelle et cartouches en papier.

Fin de la chronique et la bulle vient juste de toucher son ombre avant d’éclater.

Lafigue