Oubliez Nestor Burma un instant et ouvrez « Putain de Guerre » : mieux qu’un cours d’histoire tant Tardi a apporté de soin à détailler la vie des poilus. Dans « C’était la guerre des tranchées », Tardi avait fait le choix de traiter des histoires individuelles, chacunes symptomatiques des thèmes de la Grande Guerre : rôle des gendarmes, « bavures » de l’artillerie, desertions etc. Ce prisme renforçait la proximité du lecteur avec ces soldats et n’en rendait que plus atroce la grande boucherie.
Ici on revient à un traitement plus classique dans un ordre chronologique. Chaque planche est découpé de manière invariante en 3 strips. Chaque année est traitée à part égale avec le même nombre de pages pour être chacune complétée d’une documentation réalisée par Jean Pierre Verney. Seule la couleur évolue tout au long du récit. Colorées et bariolées pour l’annee l’année 14, des planches vives illustrent une guerre qu’on croit fraîche, joyeuse et destinée à être courte. C’est encore une guerre de mouvement. Au fur et à mesure, les couleurs s’estompent pour aboutir à un gris uniforme symbolisant, l’enterrement des armées au fond des tranchées, l’enlisement du conflit et la lassitude des troupes.
Pas de héros ou d’intrigue dans cette histoire puisque nous sommes dans une guerre de masse où c’est le hasard qui fait son tri entre les morts et les rescapés. Simplement une œuvre pour maintenir vivace le souvenir de ce conflit au moment où le dernier de ses représentants français vient de mourir.

Difficile de croire l’avertissement donné par Bouzard, sur la première planche de cette Autobiography of a mitroll : son propos n’est pas de faire rire. Et on est à deux doigts de le croire quand il commence à aborder l’agonie de sa mère. On se dit qu’il va nous écrire son
Bougre de saperlipopette à la graisse de Karacho. Encore un album de Manu Larcenet qui ne me laisse pas d’autre choix que d’encenser son auteur, ses talents de conteur et son dessin. Les gens vont finir par croire que Larcenet paye l’hébergement de ce site.
La haine de Trebaldi pour le Scorpion s’exacerbe d’avantage dans cet épisode. Cependant tout l’aspect inquiétant des grandes familles, à l’origine de cette mystification qu’est la papauté et la chrétienté, a disparu. La cruauté des moines soldats semble s’émousser sans doute en raison des nombreuses escarmouches dont ils sortent souvent perdants face au hussard et au Scorpion.