Le tueur s’engagerait il dans la politique ? Ou séduit par une belle cubaine serait il aveuglé au point de circonvenir à ses principes voulant qu’un contrat s’exécute sans états d’âme, simplement pour l’argent sans en connaitre les mobiles ou motivations.
Les premières planches sont là pour rappeler que ce dernier reste un être à sans froid, profondément réfléchi. Son monologue intérieur et les pensées dont il a l’habitude de nous livrer sont presque une approche esthétique sur la mort instantanée qu’il s’évertue à distribuer depuis 8 albums déjà. Point d’orgue à ses pensées, une vitre brisée pleine page dont Jacamon imite la structure des éclats sur la page en vis à vis : superbe ! La suite poursuit l’intrigue du moment ayant pour enjeu le pétrole et l’affrontement politique entre les USA et l’Amérique latine castro-chaveziste.
Après avoir dissipé les illusions sur les prétendues vertus de la paternité censée faire de nous des hommes meilleurs, le Tueur replonge dans l’action liée à une lutte politique héritée de la guerre froide et du renouvellement de la gauche sud américaine. La fin de ce chapitre est très surprenante et l’on se demande si le tueur est réellement tombé dans un piège ou si l’on a simplement négligé volontairement de l’informer de l’ensemble de l’opération.
La Figue.

Si cette histoire a un mérite, c’est celui de donner une petite idée de ce que pouvait vivre les allemands à l’époque de la séparation de l’Allemagne en RDA et RFA. On ressent vraiment cette ligne de démarcation traversant Paris comme une balafre traverse le pays. Rien de fantasque à cette légère courbe qu’aurait pu prendre l’histoire (une tempête anéantissant le débarquement de Normandie). Churchill dont on connait certains aspects machiavéliques aurait dans cette fiction possiblement participé à la mort de Charles de Gaulle. Les personnages célèbres sont proches de leurs doubles réels mais remplissent des tâches historiques autres que celles qu’on leur connait. Les autres personnages issus purement du scénario s’insèrent ainsi auprès d’hommes et de femmes célèbres eux même légèrement fictifs.
Dans cet album on découvrira que les seules collines du plat pays de Belgique sont les formes rebondies de ses femmes. On y parcourra les coins les plus mornes à forte brutalité rurale selon les termes employé par l’un des personnages. On retrouvera le conflit linguistique porté haut et fort par un couple de Ténardiers locaux. en débit de la bassesse des héros de cet épisode, Canardo conserve face à l’inévitable mélancolie qui ne peut que gagner tout canard normalement constitué, confronté à tant de bas instincts, son inexpugnable flegme savamment entretenu par l’alcool et les cigarettes.
Alexandre Taillard de Worms, le ministre des Affaires Étrangères pour lequel Arthur rédige des discours est le portrait craché de Dominique de Villepin. Est il fidèle à l’original ? On peu raisonnablement penser qu’il lui ressemble quand on sait que le scénariste de l’histoire, Abel Lanzac, a lui même travaillé au quai d’Orsay. Il utilise ici la fiction pour livrer un témoignage.