Top Ouf – Les formidables aventures sans Lapinot

Quand la vie est trop ennuyeuse rien de tel qu’un pari absurde pour lui redonner un peu de piment. Le ton mélancolique des albums avec ou sans le regretté Lapinot est souvent contrebalancé par les extravagances de Richard. Ce dernier brandit haut et fort, que ce soit à une terrasse de café ou sur le podium d’une discothèque,la potacherie, comme ultime rempart à la une vie un peu trop poisseuse que le dessin volontairement naïf de Trondheim vient rend encore plus douce et amère.

Comme souvent l’auteur incorpore un élément fantastique qui lui permet de façonner une intrigue et de poser une question philosophique comme le faisait « La quatrième dimension ». Ici la question est de savoir ce qui se passerait si du jour au lendemain on devenait irrésistible, si quoi qu’on dise, quoiqu’on fasse ou pas, le monde entier se trainait à vos pieds. Quelle conséquences et quelle valeur donner à cela.

Comme toujours les héros ne sont pas vraiment des héros. Ils peuvent être roublars et n’hésitent pas à faire preuve de le plus vile des bassesses avec leur proche. Richard dont la gaieté et l’humour même dans les moments les plus graves sont conservés semble cependant avoir gagné une espèce de profondeur qu’on ne lui connaissait pas, un peu comme s’il avait hérité des facultés de raisonnement de Lapinot et ses questionnements moraux. Une très belle conclusion à la dernière planche de cette histoire vient absoudre les petites vilénies de cette bande.

La Figue

Antarès – tome 3

La situation ne fait qu’empirer pour nos explorateurs de la planète Antarès. La plage qu’ils choisissent de longer pour éviter l’inquiétante forêt se révèle parsemée de chausse trappes mortels, et l’insecte qui désintègre ceux qu’il pique poursuit son oeuvre en s’attaquant à l’enfant de Kim. La mantisse est à l’origine de ceci et d’une mystérieuse maladie semblant affecter la forêt de la planète.

Ce tome placé en plein cœur de ce cycle des monde d’Aldébaran répète les thèmes habituels de Leo. Survie d’un groupe en milieu hostile, lutte contre les pouvoirs autoproclamés, dénonciation de l’appropriation du corps des femmes par les religions. Un peu moins d’imagination pour nous proposer une faune et une flore fantastique habituellement très dépaysante ainsi qu’un sentiment d’installation dans l’histoire annonciateur on l’espère d’une accélération des évènements dans les prochains tomes.

L’OuvreTemps – Valérian

Fin de la longue saga entamée en 1967 par Christin et Mezières. A leur niveau et au vu de la variété de leurs productions, les auteurs n’ont plus besoin depuis bien longtemps d’exploiter une série qui a fait leur gloire et de sortir chaque année un album supplémentaire. Le fait est suffisamment rare, quand une série est solidement installée, pour saluer la décision de clore cette institution de la BD de science fiction quelque soient les motivations des pères de Valérian et Laureline.

Est elle réussie cette sortie ? Si pour l’auteur de la présente chronique l’album favori est « Sur les terres truquées », celui-ci – si ce n’est sa place particulière dans la série et sa parade de personnages qui ont jalonnés les albums précédent – ne sort pas particulièrement du lot, sans pour autant être ni décevant ni moins bien. Il est simplement conforme aux volumes précédents, ce qui est était sans doute la meilleures des options à prendre. Un procédé de narration permet aux auteurs de résoudre les paradoxes et blocage qui s’étaient installés dans les séquences précédentes. Mais une fin originale met en scène le mythe de l’éternel retour et renvoie le lecteur à recommencer la lecture du premier tome, preuve de la sincérité de ces adieux par les créateurs de cette longue histoire qui fut un des joyaux de mon enfance.

La figue

Le rebelle – Cyclopes

Un troisième tome qui a tardé un peu à venir (3 ans) et une surprise : nouveau format pour cette série mais surtout le remplacement de Jacomon par Gael De Meyere au dessin. Celui-ci tente de se fondre dans celui de son prédécesseur, mission toujours périlleuse et facilement susceptible de décevoir les aficionados d’une série. Il réussit plutôt bien cet exercice de style. Le trait est légèrement plus épuré mais on ne retrouve malheureusement pas les couleurs plus vives des albums précédents.

Ajouté à cela une histoire à la progression très lente – on ignore toujours pourquoi des populations civiles ont été massacrées – on a à faire à un album un peu en dessous des deux précédents. Cependant aucune véritable rupture ou effondrement d’une série qui reste à niveau et dont on a envie de toute façon de connaitre le dénouement dans le prochain et dernier volume.