Spéculation et sentiments – Dans mon open space

Après s’être attaqué au marketing, à l’exploitation des stagiaires, à la cuistrerie des commerciaux et la cruauté de la direction, James aborde de nouveaux thèmes ou situations classiques de l’entreprise.

Il traite de la difficulté de poser sa démission quand de possibles meilleurs horizons appellent l’employé qui doit se faire violence pour passer outre les techniques de chantages affectifs. Certains strips sont des allusions directes à l’actualité comme celles évoquant le trader spéculo dépendant, le PDG horrifié par l’arrivée de la grippe annonciatrice de nombreuses absences pour maladie ou encore le patronat récemment converti à l’écologie.

On rit souvent et cela sent le vécut parfois. A se demander si James n’aurait pas une double vie en entreprise en plus de son métier de dessinateur.

Avant Minuit – Belleville story

Pas très sympathique le héros de cet album : Freddy rackette les commerçants du quartier de Belleville, n’hésite pas à frapper un homme devant son fils ou à martyriser une malheureuse clandestine chinoise. Le tout pour donner le change devant des petits caïds et toute une faune de crapules en tout genre.

Seulement Freddy n’est pas aussi assuré qu’il le voudrait et avant de devenir un tueur au sang froid, il va lui falloir supprimer un énigmatique chinois au sourire figé. A t’il des scrupules, Est il débordé par les évènements ou n’est il tout simplement pas encore un peu trop tendre pour exécuter pareil contrat. Peut être encore la trop forte proximité qui s’établit entre les deux personnages rend la tâche difficile. Les situations s’enchainent et les couleurs beiges, bleue-grises, oranges et rouges d’Isabelle Merlet appuient le scénario noir que nous sert Arnaud Malherbe. Quand au trait de Vincent Perriot, marqué de hachures, donnant parfois l’aspect d’esquisse et mettant largement en valeur le mouvement, il achève de donner un aspect nerveux et fébrile à cette histoire dont on attend déjà la suite.

La Figue

L’ordre naturel des choses – Le Tueur

Le tueur s’engagerait il dans la politique ? Ou séduit par une belle cubaine serait il aveuglé au point de circonvenir à ses principes voulant qu’un contrat s’exécute sans états d’âme, simplement pour l’argent sans en connaitre les mobiles ou motivations.

Les premières planches sont là pour rappeler que ce dernier reste un être à sans froid, profondément réfléchi. Son monologue intérieur et les pensées dont il a l’habitude de nous livrer sont presque une approche esthétique sur la mort instantanée qu’il s’évertue à distribuer depuis 8 albums déjà. Point d’orgue à ses pensées, une vitre brisée pleine page dont Jacamon imite la structure des éclats sur la page en vis à vis : superbe ! La suite poursuit l’intrigue du moment ayant pour enjeu le pétrole et l’affrontement politique entre les USA et l’Amérique latine castro-chaveziste.

Après avoir dissipé les illusions sur les prétendues vertus de la paternité censée faire de nous des hommes meilleurs, le Tueur replonge dans l’action liée à une lutte politique héritée de la guerre froide et du renouvellement de la gauche sud américaine. La fin de ce chapitre est très surprenante et l’on se demande si le tueur est réellement tombé dans un piège ou si l’on a simplement négligé volontairement de l’informer de l’ensemble de l’opération.

La Figue.

Paris, secteur soviétique – Jour J

Si cette histoire a un mérite, c’est celui de donner une petite idée de ce que pouvait vivre les allemands à l’époque de la séparation de l’Allemagne en RDA et RFA. On ressent vraiment cette ligne de démarcation traversant Paris comme une balafre traverse le pays. Rien de fantasque à cette légère courbe qu’aurait pu prendre l’histoire (une tempête anéantissant le débarquement de Normandie). Churchill dont on connait certains aspects machiavéliques aurait dans cette fiction possiblement participé à la mort de Charles de Gaulle. Les personnages célèbres sont proches de leurs doubles réels mais remplissent des tâches historiques autres que celles qu’on leur connait. Les autres personnages issus purement du scénario s’insèrent ainsi auprès d’hommes et de femmes célèbres eux même légèrement fictifs.

Aux affaires courantes d’espionnage s’ajoutent des meurtres en série qui obligent la France et la République Populaire Française à collaborer pour tenter d’élucider cette affaire de police. L’intrigue en fait simple et ténue, connait cependant un rebondissement qui la replace à un niveau politique, ce qui évite de faire de ce monde fictif un simple décorum prétexte à une enquête policière. Le dessin dont on ressent un peu trop la patte de l’ordinateur est d’un niveau qui assure la qualité de cet album. Souhaitons que pour leurs prochaines histoires les auteurs soient aussi imaginatifs qu’ils peuvent déjà l’être dans cette uchronie.