Ainsi donc le tueur avait des convictions politiques. On le croyait misanthrope, vacciné contre toute cause, immunisé contre les idéologies, et écœuré par la capacité de l’homme à faire souffrir son prochain. Alors que lui se défend de ne pas pratiquer de sadisme inutile et d’être plutôt sympathique en dehors de son activité professionnelle.
Ici il prend fait et cause pour la révolution castriste dont il respecte les réalisations comme l’éradication de la faim, l’alphabétisation et le système de santé. Il n’a en tout cas aucune sympathie pour l’impérialisme américain et des occidentaux. Voilà un nouveau chemin que prend le personnage qui risque de déplaire à certains lecteurs appréciant sans doute d’avantage l’aspect froid et dénué de toute scrupule idéologique. C’est vrai qu’il est sans doute plus intéressant et la gageure est plus grande d’avoir à con struire le discours d’un tueur justifiant une profession dont seul l’argent est le moteur que de donner des justifications politiques à un assassinat. Ce tournant enrichi le personnage tout en le dénaturant quelque peu.
La Figue

Obligés d’amerrir près d’une petite île occupée par un seul habitant, un portugais à l’esprit mercantile ayant plus le sens des affaires que celui de l’hospitalité, Robillard et Rivière, chargés du transports de documents secrets de la plus haute importance, voient une nouvelle fois leur mission mise en péril. Le commerçant ne leur a en effet pas tout dit.
Le dessin d’Olivier Schwartz volontairement suranné et la rythmique des vignettes parviendraient presque à nous faire croire que cet album a été réalisé il y cinquante ans voire au moment où se déroule cette histoire. Le goût pour les inventions et les machines futuristes des premiers auteurs de Spirou et Fantasio est respecté en incluant quelques trouvailles scientifiques qui vont être un des nœuds principaux de l’intrigue.
Aucun lecteur chevronné ne sera étonné de découvrir Canardo dans un bar à trois heure du matin. L’esprit chevaleresque de la fine fleur palmipède de la police privée, pousse notre héros à raccompagner en voiture une prostituée russe. Toujours autant irrésistible ce Canardo. Mais comment ne pas céder au charme fou et à l’œil mouillé, pétri d’humanité distanciée de ce canard détective.