Le commun des mortels – Le Tueur

Ainsi donc le tueur avait des convictions politiques. On le croyait misanthrope, vacciné contre toute cause, immunisé contre les idéologies, et écœuré par la capacité de l’homme à faire souffrir son prochain. Alors que lui se défend de ne pas pratiquer de sadisme inutile et d’être plutôt sympathique en dehors de son activité professionnelle.

Ici il prend fait et cause pour la révolution castriste dont il respecte les réalisations comme l’éradication de la faim, l’alphabétisation et le système de santé. Il n’a en tout cas aucune sympathie pour l’impérialisme américain et des occidentaux. Voilà un nouveau chemin que prend le personnage qui risque de déplaire à certains lecteurs appréciant sans doute d’avantage l’aspect froid et dénué de toute scrupule idéologique. C’est vrai qu’il est sans doute plus intéressant et la gageure est plus grande d’avoir à con struire le discours d’un tueur justifiant une profession dont seul l’argent est le moteur que de donner des justifications politiques à un assassinat. Ce tournant enrichi le personnage tout en le dénaturant quelque peu.

La Figue

Le loup gris de la désolation – Commando colonial

Obligés d’amerrir près d’une petite île occupée par un seul habitant, un portugais à l’esprit mercantile ayant plus le sens des affaires que celui de l’hospitalité, Robillard et Rivière, chargés du transports de documents secrets de la plus haute importance, voient une nouvelle fois leur mission mise en péril. Le commerçant ne leur a en effet pas tout dit.

Le dessin clair, limpide et les couleurs en à plat de Brüno si typiques des albums qu’on trouve chez Poisson Pilote se prêtent très bien pour ces histoires fleurtant toujours avec l’absurde et la féerie. Ici point de féerie mais plutôt une histoire du bout du monde où les protagonistes tentent d’entretenir un conflit mondial pourtant si éloigné et quasiment hors de propos en des pays si lointains. La narration s’équilibre entre des scènes d’actions et des moments de dialogues entre des personnages censés se faire la guerre sans guère plus de sommation. L’album, tout comme le précédent, se déroule à travers un récit rendu fluide et agréable par l’association de Appollo et Brüno.

La figue

Le groom vert-de-gris – Une aventure de Spirou et Fantasio

Le dessin d’Olivier Schwartz volontairement suranné et la rythmique des vignettes parviendraient presque à nous faire croire que cet album a été réalisé il y cinquante ans voire au moment où se déroule cette histoire. Le goût pour les inventions et les machines futuristes des premiers auteurs de Spirou et Fantasio est respecté en incluant quelques trouvailles scientifiques qui vont être un des nœuds principaux de l’intrigue.

Quelques jeux de mots savoureux comme le « rabibochage » des deux héros, quelques clins d’œil en hommage à de célèbres personnages de la BD franco-belge ou de la littérature comme Ann Franck, les remarques ironiques de Spip et l’enchainement rapide de l’action enrichissent un album qui n’hésite pas à mêler le grotesque à la cruauté particulièrement lorsque des motocyclistes allemands brûlent dans une flaque d’essence.

L’ensemble est très réussi. Après la douceur de l’ingénu, il ne faut pas hésiter à se plonger dans cette histoire violente, drôle et sympathique.

La Figue

La fille sans visage – Une enquête de l’inspecteur Canardo

Aucun lecteur chevronné ne sera étonné de découvrir Canardo dans un bar à trois heure du matin. L’esprit chevaleresque de la fine fleur palmipède de la police privée, pousse notre héros à raccompagner en voiture une prostituée russe. Toujours autant irrésistible ce Canardo. Mais comment ne pas céder au charme fou et à l’œil mouillé, pétri d’humanité distanciée de ce canard détective.

Une évocation du conflit culturel entre wallons et flamands viennent ancrer le récit encore une fois en Belgique avec un détour par le duché du Belgambour, mélange de Belgique et de Luxembourg. On ne retrouve certes pas la noirceur des premiers tomes tels que La marque de Raspoutine ou Noces de Raspoutine, mais l’ironie et la bassesse humaino-animale des personnages demeure. L’ironie de l’inspecteur Canardo et ses bonnes réparties perdurent dans cette intrigue clinico-monarchique et on appreciera quelques répliques que s’adressent certains personnages.

La Figue