Michel Fugain déclarait récemment « le quotidien, on s’en fout ». Cette déclaration est une critique de la Nouvelle Chanson Française dont les thèmes varient souvent entre le souvenir de la bonne odeur de la colle Cléopatre d’antan et le souvenir récent du regretté film du dimanche soir. Bref, de la madeleine de Proust au kilo et de longs colliers de petites perles de clichés collectifs et fédérateurs.
Certes, mais on ne peut faire l’impasse sur 99% de nos vies et n’exprimer que les cimes de Ferré ou l’épopée lyrique. Trondheim lui n’aborde pas le quotidien de tout le monde et ne cherche pas à taquiner l’inconscient collectif. Il ne cherche pas à créer un quelconque sentiment nostalgique. Ce dont il parle c’est de son quotidien à lui.
J’entends déjà Michel Fugain dire « le quotidien de Trondheim, on s’en fout ». Certes encore. Mais ce qu’aborde Trondheim c’est l’interstice qui se trouve entre deux banalités, c’est la réflexion qui part d’un évènement anodin. Ce que nous apprennent ces tranches de biopic ? De la même façon que savoir dessiner est savoir regarder, cet ouvrage nous apprend à savoir regarder tout simplement. De la divagation à la réflexion, de la remarque anodine à l’échafaudage d’une théorie, toutes les situations sont prétextes à inspiration. Cet ouvrage pourrait être une méthode d’investigation pour qui cherche à conter.
La Figue