La fille sans visage – Une enquête de l’inspecteur Canardo

Aucun lecteur chevronné ne sera étonné de découvrir Canardo dans un bar à trois heure du matin. L’esprit chevaleresque de la fine fleur palmipède de la police privée, pousse notre héros à raccompagner en voiture une prostituée russe. Toujours autant irrésistible ce Canardo. Mais comment ne pas céder au charme fou et à l’œil mouillé, pétri d’humanité distanciée de ce canard détective.

Une évocation du conflit culturel entre wallons et flamands viennent ancrer le récit encore une fois en Belgique avec un détour par le duché du Belgambour, mélange de Belgique et de Luxembourg. On ne retrouve certes pas la noirceur des premiers tomes tels que La marque de Raspoutine ou Noces de Raspoutine, mais l’ironie et la bassesse humaino-animale des personnages demeure. L’ironie de l’inspecteur Canardo et ses bonnes réparties perdurent dans cette intrigue clinico-monarchique et on appreciera quelques répliques que s’adressent certains personnages.

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Saison one – Colt Bingers

La femme de Colt Bingers a été assassinée. Seule piste, le tueur est borgne et unijambiste. En effet « Les indices sont bien maigres » comme n’aurait pas hésité à le dire l’inspecteur Charolles à l’époque où ses enquêtes en compagnies du commissaire Bougret agrémentaient la Rubrique à Brac.

Colt Bingers démissionne de la police et en fin logicien décide donc de traquer tous les borgnes unijambistes des Etats Unis d’Amérique. Il va laisser derrière lui une piste sanglante que tentent de suivre deux agents du FBI dont la bêtise n’a rien à envier à celle de Spoon et White.

Certains des dessins de personnages de Chouin sont très proches de ceux de Crumb, ce qui sert bien cette histoire déjantée et sanglante se déroulant dans un univers profondément américain. La construction de chaque épisode est toujours la même. Colt bingers trouve un exemplaire de borgne unijambiste qui évidemment ne sera jamais l’assassin qu’il recherche. Et c’est tout le talent de Jousselin de renouveler chaque épisode et de nous donner envie de lire le suivant.

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La bande annonce de l’album parodiant les bandes annonces des blockbusters américains…

Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps

Charlie Sclingo, c’est le genre de pote infernal, toujours bourré, qui va toujours déclencher une baston au bar parce qu’un mastar n’aura pas apprécié son humour provoquant. Le genre de pote qui ne sait pas s’arrêter, qui va pourrir la soirée, mais terriblement attachant, drôle, au fond sensible et effroyablement intelligent. Et puis surtout, désespéré, gueulant et dégueulant son angoisse à la face du monde malgré son humour bravache.

Je ne connaissais pas l’œuvre de Sclingo, difficile à se procurer, mais heureusement un ami m’a ressorti quelques planches parues dans las années 80. Ça déconne sans arrêt tout en utilisant les codes primaires du genre. Mon dieu, que ce type a du aimer le gag et la bande dessinée.

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Histoires d’en ville – Intégrale

Les lecteurs de polars retrouveront parfaitement le climat du genre dans cette compilation des trois tomes de cette série initialement appelée Rochecardon, du nom du quartier lyonnais où se déroule cette histoire.

Berton, en plus du décor, plante des personnages qui s’ils sont typiques du roman policier – un policier ivrogne à la retraite, un parrain, de jeunes zonars – sont creusés suffisamment pour être tout à fais crédibles. Le traitement graphique particulièrement raffiné dans sa colorisation permet de humer le quartier et la ville. Du fait des personnages choisis et de l’ambiance sanglante du scénario, on s’attend à une dénouement très noir. Cependant l’auteur opte pour une fin plutôt heureuse et porteuse d’espérance sans pour autant ôter à ce polar son caractère âpre et rugueux.

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